En cette fin de saison sportive, c’est l’époque tant attendue des passages de grades, et notamment de la ceinture noire.
Les élèves désirant passer le cap du Shodan se préparent pendant des semaines pour ce jour si important à leurs yeux : avoir la possibilité de revêtir la ceinture noire. Certains le pourront, et d’autres devront redoubler d’efforts jusqu’au prochain examen.
Moi, j’ai dû m’y reprendre à 3 fois pour avoir ma ceinture noire de karaté.
Pourquoi j’ai raté ma ceinture noire ?
À l’époque (il y plus de 20 ans), en 1991, je n’avais qu’un seul objectif en tête : pas les études, mais la compétition combat. Je voulais à tout prix monter sur le podium national et faire partie de l’équipe de France Karaté combat.
Début octobre, je passe l’exam technique du Shodan. Il faut savoir que, dans ces temps anciens (haha), il n’y avait pas de version traditionnelle et combat. Tout le monde était au même régime. Je pouvais passer la partie technique à 16 ans, et pas avant, et la partie combat à 18. Me voilà donc en train de présenter mon kata au choix (Heian Godan si je me rappelle bien) et, ensuite, je tire au hasard dans la liste des 7 autres pour réaliser mon kata imposé (il fallait savoir les 5 Heian, Tekki Shodan, Bassai Dai et Kanku Daï). Je ne me rappelle plus quel kata j’ai pioché, mais l’impression que j’avais en sortant était d’être mécontent. Un Kion durant au moins 10 minutes avec mes collègues (6 karatékas alignés en rang d’oignon), le Kihon Ippon Kumite s’était plutôt bien passé. Résultat : j’ai échoué sur les katas et Kihon. J’allais devoir revenir et tout recommencer. En 1991, on ne gardait pas les UV réussies. J’étais déçu, mais pas tant que ça. Je n’étais pas prêt, je le savais. Je passais mon temps à combattre et non à faire de la technique. Ce n’était pas mon heure de devenir ceinture noire.
En novembre 1991, pour ma première participation aux championnats de France combat cadet, je monte sur le podium à la seconde place. Pas la place que j’aurais voulue, mais c’était mieux que d’être au pied du podium. Par la suite, je suis convoqué pour un stage de sélection d’équipe de France pendant les vacances de Noël. Je réussis mon stage et suis choisi pour être le représentant de ma catégorie cadet -70 kg aux championnats d’Europe en février 1992.
En janvier 1992, je me présente de nouveau à l’examen de la ceinture noire de karaté. Avec le recul, je me dis que j’aurais dû m’abstenir. Recalé au kata et kihon. Cette fois-ci, j’étais vraiment déçu et en rage. « Moi, le fils du prof, en équipe de France, pas fichu d’obtenir ma ceinture noire. » Je l’avais mauvaise. 🙁 🙁 🙁
En février 1992, les championnats d’Europe furent une très belle expérience, même si je n’y ai pas brillé.
De retour au dojo, je me suis totalement investi dans la technique. J’avais ma fierté d’adolescent à retrouver, je me devais de réussir et je me suis entraîné comme un malade. 3 mois et demi de préparation intensive. Le combat me manquait, mais j’étais décidé, et surtout motivé.
Y croire et ne rien lâcher !
Mon troisième examen a été le bon. La semaine suivant le Shodan, mon père m’a remis la ceinture noire. J’étais fier comme un coq et j’ai surtout appris que, pour aller là où on le désire, il faut se donner réellement les moyens, ne pas chercher à se donner des excuses et faire ce qu’il faut pour arriver à notre but.
Depuis ce jour, je n’ai plus jamais été recalé à un examen de karaté. Je me donne à 100 % pour réussir, tout en sachant que l’échec fait partie de la future réussite. Je préfère quand même « la gagne ». 😉
Au final, la ceinture n’est qu’un bout de tissu (?) autour de notre taille, un symbole nous rappelant nos efforts. Ni plus ni moins.
15 commentaires
Merci Lionel de nous rappeler ce qui est vraiment important ! A bientôt
Article interressant, il est rare et donc remarquable de rendre public ses échecs aux première présentations des examens. J’adhère aux conseils, il faut se préparer à 100%, moi je viens de rater mon 2ème dan et je m’en sent entièrement responsable.
Hoos,
Bernard
Encore une belle leçon. Merci sensei d’être une inspiration pour nous!
la phrase à retenir jeunes gens : « pour aller là où on le désire, il faut se donner réellement les moyens, ne pas chercher à se donner des excuses et faire ce quâil faut pour arriver à notre but. » En gros, faut pas attendre que ça vous tombe tout cuit, et surtout en cas d’échec ne remettez pas en cause les jurys mais votre pratique…..
Question à ceux qui ont connu ces temps anciens 😉 quel est leur point de vue sur les passages actuels et le contenu ?
Comme quoi se planter n’est pas forcément une mauvaise chose!
Mmmh merci Lionel pour cet article qui tombe … Ã pic 🙂
Merci Lionel. J’ai loupé mon premier dan l’an dernier et j’avoue que je pense que je n’y retournerais plus car je sais que je peux continuer à apprendre et surtout à me faire plaisir sans lui…
la ceinture noire au jour d’aujourd’hui est donner!!!elle na plus le même sens qu’avant…
La ceinture ne serre que à faire tenir le pantalon (
Bruce Lee);-)
Bel article …
Très bel article, l’humilité de partager autant ses échecs, et les leçons retenues. Bravo !
Actif dans un autre art martial, je me rend compte aujourd’hui qu’il faut se concentrer sur son art sans attendre la moindre reconnaissance. Je connais des gens dans d’autres dojo qui… alors que dans le notre la ceinture noire est tout simplement impossible à obtenir (ou quasi-impossible),, le niveau demandé pour le premier kyu étant celui d’un premier dan avancé avec un milliers d’heure de pratique (et encore) donc pour être recommandé à la ceinture noir il faudrait avoir les compétences d’un deuxième dan ou plus.
Donc à moins de déménager ailleurs et de s’inscrire dans un autre dojo il faut oublier la noire, ou encore espérer la recevoir à titre postume.
Moi j’ai obtenu mon shodan et mon nidan du premier coup, la je prépare mon sandan, je me suis pas présenté en juin par manque d’entrainement (travail de nuit) mais comme dit Lionel « seul le travail paie ». Je m’investi à 100% dans mes passages de grade et ça paie, N’ayant pas de diplôme d’enseignant, avoir mes passages de grade du premier coup, marque une forme de respect de la part des personnes à qui j’enseigne.
Merci pour le partage de ton expérience lionel et bravo pour ton rokudan.
Merci Romuald de partager tes contraintes. C’est sur que cela n’est pas évident, et cela l’est de moins en moins en avançant. Mais la passion, elle, grandit de plus en plus.
A bientôt et merci de me suivre.