A vouloir plaire à tout le monde, on ne convient à personne.
En tant qu’enseignant d’arts martiaux, on est celui vers qui se tournent les élèves pour connaître la voie à suivre. Une position à ne pas prendre à la légère.
On ne peut pas transmettre de la même façon le karaté à des personnes qui viennent pour différentes raisons : sport, loisir, budo, défense personnelle, personnel de sécurité, forces de l’ordre, militaires…
Les voies sont nombreuses et variées. C’est à l’enseignant d’amener la pratiquant vers sa voie (celui de l’élève et non de l’enseignant) et il doit bien sur avoir les compétences pour pouvoir transmettre à ce type de public. Avec le temps et beaucoup d’entraînement, les pratiquants finissent par avoir leur karaté. Non pas qu’ils sont en train de créer leur propre karaté, leur propre style, mais plutôt de se l’approprier après l’avoir étudié et assimilé.
Pour se faire l’enseignant, le sensei doit transmettre le contexte de l’étude.
Rapide définition de contexte : ensemble des circonstances dans lesquelles se produit un événement, se situe une action.
A travers l’étude du karaté par exemple, il est possible d’enseigner une même technique pour différent contexte.

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Prenons l’exemple de gedan barai, le blocage bas :
Contexte 1 : dans le kihon. L’enseignant transmet un savoir gestuel. L’élève apprend à coordonner ses mouvements, à se positionner dans l’espace, à être précis dans la réalisation de la technique. L’élève va apprendre à réaliser le blocage tout en exécutant un déplacement vers l’avant ou l’arrière après l’avoir étudié sur place.
Contexte 2 : compétition kata. Très proche du kihon, ici l’élève doit être en mesure de réaliser le mouvement de base appris précédemment dans une suite de mouvement prédéterminé. Intégration du mouvement dans une tâche comprenant d’autres mouvement précédemment appris. Il est important de respecter les critères techniques à la réalisation du gedan barai comme dans le kihon. Mais en plus de la technicité requise, il doit aussi être en mesure de rajouter les critères d’évaluation de la compétition.
Contexte 3 : en bunkai pour un passage de grade. Le but de l’élève est de pouvoir exécuter le mouvement appris contre une attaque connue et définie. Il apprend entre autre à gérer sa distance et le timing par rapport à l’attaque. Et surtout, il comprend que le Gedan Barai n’est peut être pas qu’une parade. La complexité de l’application dépendra du niveau de l’élève.
Contexte 4 : en combat de compétition. Le but étant de bloquer les attaques de l’adversaire sans avoir à réfléchir au mouvement. Il doit sortir tout seul. Le blocage devra être réalisé de préférence avec une esquive, retraite permettant une riposte rapide.
Contexte 5 : en cours de défense personnelle. Le but étant de donner du stress à l’élève pour le faire sortir de sa zone de confort, qu’il soit sous tension et au moment de l’attaque, qu’il réalise le blocage adapté à l’attaque, dans le timing et il doit aussi pouvoir réaliser, ou pas, une contre-attaque appropriée à la situation conflictuelle. Le contexte de la rue apprend à l’élève que l’automatisation des gestes l’aidera grandement à échapper à certains dangers.
Les exemples sont bien trop nombreux pour en faire une liste exhaustive.

Un mouvement tel que gedan barai à de multiples applications. Sa réalisation et ses critères de succès seront différents suivants les contextes. Car on n’aura pas les mêmes critères de réussite pour une personne préparant un championnat kata, combat ou en self-défense.
Le contexte définira les critères de succès. Malheureusement, dans un cours, on ne peut pas répondre à toutes les demandes. On ne peut pas tout faire sauf au risque de rien faire de bien.
Exercice pratique : essayer de réaliser un cours différent sur le thème de Gedan Barai pour un public : compétiteur kata, défense personnelle et préparation à la ceinture noire.