Cinquième article de la série consacrée à Mushin. Aujourd’hui, je vous propose de découvrir la réflexion de Serge Rebois, expert en Kyusho, Renshi 5e Dan Nihon Tai Jitsu et Nihon Ju-Jitsu, praticien de Shiatsu. Auteur de très nombreux DVD de Kyusho
Mushin,l’esprit libre de toutes pensées
Mushin, l’esprit libre de toutes pensées, comme dans tout concept martial, les choses ont plusieurs degrés de lecture, aboutissant à diverses interprétations, voire certains dogmes, jamais tout à fait justes, mais jamais tout à fait faux, ne s’adaptant en fait qu’à l’esprit, au corps et à la pratique de celui qui en cherche l’interprétation.
Personnellement, je vois deux choses importantes dans l’idée de Mushin, l’esprit libre de toute pensée.
La 1re est de garder l’esprit du débutant (初心 Shoshin), curieux de tout et cherchant sans arrêt à aller de l’avant, ne fixant jamais son esprit sur un dogme plutôt qu’un autre, gardant ce qui marche pour lui, rejetant ce qui ne marche pas, et surtout acceptant que cela marche pour quelqu’un d’autre.
La 2e chose est que, dans un combat, nous savons qu’avec le stress, il est impossible pour le cerveau de ressortir des techniques complexes à la motricité trop fine, donc de réfléchir la technique au moment où se déclenche l’attaque de l’adversaire. Beaucoup de paramètres nous empêchent de pouvoir réaliser un « blocage » comme on peut le faire à l’entraînement. De plus, comme le cerveau ne peut pas « ne pas penser » (dans la méditation, on régule le flot de pensées en… pensant à la respiration), la solution serait de pouvoir se fonder sur des réactions réflexes ne passant pas par le cerveau, mais gérées par la moelle épinière. Tout comme le fameux « réflexe de retrait », qui nous empêche de nous brûler gravement si l’on pose par inadvertance la main sur quelque chose de chaud. On revient donc à l’esprit du débutant.
Je dis souvent à mes élèves : « Protégez-vous comme le font les enfants. » Les mains montent naturellement sans chercher à reproduire un geste trop structuré demandant à réfléchir à une quelconque exactitude, donc libre de toutes pensées. Cette phase peut être considérée comme la phase « yin » de l’action. Maintenant, le passage à la contre-attaque (phase « yang ») se fera avec une technique engendrée par ma phase « yin » réflexe. On peut trouver des traces de ce concept dans les katas, où certaines phases considérées comme une « préparation » au « blocage » sont en fait le « blocage » en lui-même, mais fondé sur le « réflexe primaire », et le « blocage » qui suit est déjà une contre-attaque. L’art martial est une éducation de l’instinct.
Mumen Mushin, l’état de parfaite clarté mentale et d’absence de pensée, serait-il en fait d’avoir simplement confiance en nos réflexes naturels conçus par la nature pour nous protéger, mais éduqués par la pratique de l’art martial ?
Serge Rebois
Je vous invite à suivre Serge Rebois sur le site de IKF (International Kyusho Federation) et à découvrir ses nombreux DVD pédagogiques sur l’art des points vitaux : Kyusho.
- Mushin : l’esprit vide – Lionel Froidure
- Mushin + Karaté & Cancer – Christian Cabantous
- Mushin dans les arts chinois – Charles-Henri Belmonte
- Mushin et Aikido – Léo Tamaki
Un commentaire
Tout à fait , l’acte réflexe conditionné par l’entraînement et la pratique des katas , mais libéré de la pensée lors du combat .