Au Japon, chacun possède sa place dans une hiérarchie bien précise. Etre à sa place et la comprendre.
Dans mon dernier documentaire (désormais disponible en DVD, téléchargement et streaming) Takashi KINJO sensei utilise à de nombreuses fois le terme de Shisho 師匠 qui est rarement usité, surtout en France. Si vous avez regardé en VO la série « House of Ninja », le jeune Riku utilise le terme Shisho.
Voyons où il se situe par rapport à Sensei, Senpai et Kohai et essayons de comprendre cette hiérarchie pour trouver notre place.
Sans vouloir spoiler, celle-ci change.
La hiérarchie traditionnelle et sa signification
Dans l’univers des arts martiaux japonais, la distinction entre senpai et kōhai n’est pas juste une question d’ancienneté ; elle définit une dynamique d’apprentissage et de respect mutuel.
Le senpai désigne une personne ayant plus d’expérience, d’ancienneté, ou souvent plus âgée, dans un domaine spécifique (comme les arts martiaux, l’éducation, ou le milieu professionnel), mais pas nécessairement avec une capacité d’enseignement. Le senpai guide, tandis que le kōhai apprend, créant une synergie qui transcende les pratiques martiales pour se refléter dans l’ensemble de la société japonaise.
Sensei 先生 est utilisé pour désigner une personne qui enseigne, que ce soit une technique, un art, ou une discipline académique. Étymologiquement, il signifie « personne née avant », mais cette origine est moins pertinente dans son usage contemporain.
Au sommet de cette hiérarchie : Shisho 師匠) qui est utilisé pour désigner un maître dans certains arts ou métiers, notamment dans les arts martiaux, l’artisanat traditionnel, ou d’autres formes d’enseignement traditionnel. Il souligne un niveau de maîtrise et de mentorat plus élevé et est souvent utilisé dans un contexte où il y a une relation de transmission de connaissances de maître à disciple.
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Une vision personnelle : toujours entre Senpai et Kohai
À travers mon propre voyage dans les arts martiaux, j’ai découvert une vérité universelle : nous sommes tous à la fois senpai et kōhai, selon le contexte et la perspective. Durant mon enfance, mes premiers sensei étaient mes parents, m’enseignant les leçons fondamentales de la vie jusqu’à ce que je forge ma propre voie.
Au fil des décennies, j’ai eu l’honneur de rencontrer de nombreux senpai, que ce soit en tant que jeune compétiteur admirant les seniors en équipe de France. Cependant, j’ai également embrassé le rôle de senpai, partageant mon savoir et mon expérience avec mes camarades d’entraînement dès mon retour des stages d’équipe.
Les sensei et les rencontres qui façonnent
La quête de connaissance m’a mené à croiser la route de nombreux sensei, en France et en Asie, lors des tournages de mes documentaires En Terre Martiale. Ces rencontres, ces moments d’écoute, d’observation, et de ressenti de leur technicité et précision, ont été des pierres angulaires de mon développement personnel et martial.
Un maître aux Philippines
Bien que je n’aie jamais vécu de relation de maître à disciple dans le contexte des arts martiaux japonais, et que je n’aie jamais utilisé le terme shisho. Ma recherche personnelle m’a emmené à vivre un moment aux Philippines. Là, j’ai expérimenté cette connexion profonde avec un maître d’armes, vivant la transmission de connaissances dans un contexte de respect et de dévotion.
Cette expérience m’a enseigné l’importance de rester humble et ouvert, reconnaissant que, quel que soit notre niveau, il y a toujours plus à apprendre de ceux qui nous entourent. La beauté des arts martiaux réside dans cette perpétuelle dynamique d’enseignement et d’apprentissage, un cycle sans fin d’évolution personnelle et collective.
Une Vie d’Apprentissage
La structure hiérarchique des arts martiaux japonais, avec ses senpai, kōhai, sensei, et shisho, est une métaphore de la vie elle-même. Dans notre vie de tous les jours, nous sommes un jour le boss qui dirige une équipe et je le soir même, nous nous retrouvons élève au dojo à suivre l’enseignement du sensei et de nos aînés.
La pratique, le travail n’est pas une course à la ceinture, aux grades.
Chaque interaction, chaque relation, est une opportunité d’apprendre et de grandir. En embrassant pleinement ces rôles, nous nous engageons dans un voyage d’amélioration continue, pas seulement en tant que pratiquants de karaté, d’arts martiaux, mais aussi en tant qu’êtres humains.
Pour terminer, j’en profite pour partager un vidéo avec JC Juster, auteur de très nombreux ouvrages sur les arts d’Okinawa. N’hésitez pas à lire ces ouvrages et à vous abonner à sa chaîne.
4 commentaires
J’ai apprécié de vous lire,c’est très instructif et passionnant.
Merci pour cette explication qui m’apprend encore de nouvelles choses sur les arts martiaux.
Amitié Guillaume
Merci beaucoup Guillaume pour ton commentaire et ton soutien ! Je suis ravi de savoir que tu as apprécié cet article.
Top la synergie avec Jean-Charles!
Bonjour Lionel ,
Article vraiment intéressant . On a déformé le terme Sensei surtout en judo. On l utilise à partir du 6 dan . Alors qu un enseignant moins gradé peut être considéré comme un Sensei car ils transmets . Quand on m appelle Maître ou sensei, je réponds avec humour Maître 66 cm . Car même si mon corps est fatigué J apprends encore en autre avec Léo Tamaki que tu connais bien .
Bon week end amitiés Luc