Tout comme on prends des notes en fin de stage pour ne pas oublier les conseils aux cours prochain, la vidéo pédagogique est un pense bête pour le budoka. Elle sert de mémoire externe, stockant les données les plus importantes, les points clés et les principes à appliquer dans ses enchaînements et dans sa pratique au dojo sous la supervision d’un professeur compétent. La vidéo peut devenir un danger pour l’apprentissage quand le « savoir » est privilégié au « savoir-faire ». La vidéo est un outil complémentaire à l’entraînement. Il est primordial, à mon avis, pour enrichir vos jours de repos et vos moments d’attente (chez le médecin, transports en commun, etc). Il ne doit en aucun cas se substituer à de réels entraînements. Entraînez-vous pour reproduire ce que vous avez vu !
Apprentissage par imitation
Dans un précédent article je vous ai parlé de l’importance de se filmer pour progresser. Tout comme le fait d’avoir un feed-back sur sa propre pratique, le corps et le cerveau ont besoin d’un modèle pour exécuter un enchaînement complexe. Plus le modèle de base sera précis, plus la « copie » le sera. On peut en conclure que l’observation d’un mouvement de grande qualité d’un sensei, nous prédisposera à reproduire le plus fidèlement possible ce mouvement. C’est un apprentissage par imitation. On appelle aussi cela : Mitori Geiko, l’apprentissage par le regard. Tout le monde imite : les parents quand on est enfant, les camarades de jeux dans la cour de récréation, et le sensei au dojo! On imite naturellement, souvent sans y prêter attention. Utilisez ce processus naturel d’apprentissage pour booster votre évolution martiale.
L’apprentissage par observation, par imitation, est une procédure couramment utilisée par l’entraîneur comme par l’enseignant d’éducation physique pour l’acquisition d’habiletés sportives. Cette démarche s’appuie sur la théorie de l’apprentissage social de Bandura (1976). cf Cairn

La vidéo est un réel atout pour mon évolution martiale
Je réalise depuis une décennie des vidéos pédagogiques d’arts martiaux avec de très grands experts, sensei et maîtres dans diverses disciplines. Je passe des heures à les regarder à travers mon oeilleton de caméra pour capturer le bon moment, la bonne technique qui mélangera timing, précision, verticalité, sensation, etc. Je passe ensuite des journées derrières mon écran pour réaliser un montage de ce DVD. Une vidéo au final qui a une vocation pédagogique pour le spectateur. J’étudie longuement ces images, je les regarde et les organise. Et je les re- regarde à nouveau pour en changer une partie afin de les optimiser au maximum. Après des années de travail, je me suis rendu compte, qu’inconsciemment, je progressais grâce à la vidéo, étant très attentif à tous les détails. Cela m’a permis d’enregistrer des mouvements de grande qualité.
Vidéo vs Livre
Contrairement aux livres d’arts martiaux (que j’aime beaucoup, j’en ai une tonne) la vidéo va apporter un mouvement et non une posture figée à un temps donné et choisi par l’auteur. Dans un livre on doit s’appuyer sur des photos, des croquis et du texte. La vidéo vous permet de voir la séquence en entier, d’intégrer les notions de latéralisation, transfert de poids de corps, de précision, de sonorité, etc. Prenons l’exemple d’un kata dans un livre : l’auteur propose 27 croquis pour décomposer le kata. La vidéo durera environ 59 secondes à raison de 25 images par seconde, soit un total de 1475 images. Au final c’est 54,6 fois plus d’informations qu’un livre. Même si il y a des conseils précis en légende , la photo d’un livre ne pourra jamais reproduire la richesse de la vidéo en terme d’information car une image vaut mille mots. Alors imaginez une vidéo. La vidéo favorise l’apprentissage par imitation. Voici une comparaison qui parle d’elle même.
Nota : montage d’une vidéo de sensei Kanazawa que l’on retrouve partout sur le net et d’un fichier image.
Conseils pour progresser avec une vidéo pédagogique martiale
Ce n’est pas un journal que l’on jette après avoir l’avoir regardé une fois. C’est plus un lexique, un dictionnaire dans lequel on va chercher des informations bien précises. Des données que l’on ne trouve pas ailleurs. On cherche des réponses qui nous aideront à progresser au dojo. En partant de ce fait il ne faut pas le « consommer » comme un film. Le regarder d’un bout à l’autre dans la soirée pour ensuite le reposer sur l’étagère pendant des mois, en attendant que l’on veuille bien le visionner de nouveau, c’est carrément a l’opposé de ce qu’il faut faire. Il faut prendre une partie du DVD et le lire en boucle, pour en connaître les moindres détails, intégrant le maximum d’informations. Une fois cette étape réalisée il est important de passer à l’action, et par là je parle d’entraînement. Oui, il est impératif de reproduire ce que l’on a vu. Il faut lier la mémoire visuelle à l’action. C’est grâce à ce va et vient incessant ( visionnage et pratique ) que vous tirerez le plus de profit dans votre art martial.
Et vous, comment vous entraînez-vous avec une vidéo ? Utilisez-vous l’apprentissage par imitation ?
10 commentaires
Depuis les théories de Bandera, l’imagerie médicale et les connaissances sur le fonctionnement cérébral ont bien progressé. Le role des neurones miroirs et l’impact de la visualisation sur les réseaux neuronaux ( préparation biologique à l’action) confirment et étayent scientifiquement l’efficacité de l’apprentissage par imitation et de la visualisation.
Merci Alain pour ces précisions.
Oui je m entraîne avec un vieux livre. Des vidéos de profs car aucune mémoire
De mon côté je préfère largement le support vidéo pour le mouvement (après l’avoir étudié avec Sifu), le livre me pousse à trop intellectualiser le mouvement, effort de visualisation…
En revanche j’aime compléter la vidéo avec des explications détaillées (sur les mécanique du corps, les forces en action, transfert du poids, intention, etc…)
Et pour citer un vieux sage : « ne singe pas le maitre, cherche ce qu’il cherche »
😉
Mérci Lionel, j’ai également remarqué que ma pratique évolue, inconsciemment en regardant des vidéo de Taiji mais aussi d’autres arts martiaux, et j’applique les principes en modifiant pour que cela rentre/colle dans le mouvement ou l’enchainement de la forme. Les experts et les Maîtres sont d’une grande richesse et le support vidéo est la lampe d’aladdin du 21ème siècle, lorsqu’elle est utilisé à bonne escient….
Bonne pratique
Très beau visuel (Moderne et interpellant !) et comme d’hab, un chouette article…
Comment puis-je m’inscrire
Bonjour,
A quoi voudrais-tu t’inscrire ?
Lionel
Salut! Personnellement j’utilise beaucoup la vidéo. Que ce soit pour me filmer et ainsi voir mes erreurs et pouvoir progresser ou encore pour voir les différences existantes entre les guerriers du Shotokan de chacune des nombreuses fédérations. J’apprends beaucoup grâce à la vidéo et par l’imitation. Merci!
Super Danny,
La vidéo est un outil formidable pour progresser en karaté.
Il ne remplacera jamais l’oeil et conseil avisé d’un sensei.
A bientôt