Salut les budokas, c’est Lionel ! Dans ce nouveau live sur ma chaîne YouTube, je vous propose le thème : Mitori Geiko, pilier de l’apprentissage dans le karaté, les arts martiaux, mais pas que.
Début de la discussion sur Mitori Geiko à 2:40 minutes. A la fin du live, questions-réponses avec les internautes budokas.
Mitori Geiko
Que veut dire Mitori Geiko ?
Imaginez que vous êtes un accroc du tatami, que vous ne pouvez pas vous en passer. Vous visualisez bien ? Maintenant, vous êtes blessé. Oui, je le vois dans votre regard décontenancé, triste, frustré. Non, vous n’avez pas le droit d’aller sur le tatami pour vous entraîner. Par contre, vous pouvez quand même vous entraîner, mais juste en regardant et cela s’appelle Mitori Geiko !
- Mitoru : percevoir / observer
- Keiko : l’entrainement
L’assimilation, l’apprentissage par l’imitation est un des piliers de l’apprentissage, dans toutes les activités. Le regard est un des 3 canaux de transmission.
Pour faire simple, Mitori Geiko est l’entraînement par le regard, l’entraînement par l’observation en décodant l’enseignement du sensei. Dans l’ancien temps, le disciple regardait par un trou dans un panneau en papier pour « voler » la technique du maître et la répéter ensuite dans son coin.
On retrouve aussi comme définition : « L’entraînement par les yeux ». Je trouve cette définition très poétique, un peu comme tous ces noms de techniques chinoises comme le coq d’or saute sur une patte 😉
Quand et comment faire Mitori Geiko ?
On fait Mitori Geiko tout au long du cours, à chaque fois que le sensei démonter une technique. On essaye au-delà de regarder, de percevoir le mouvement et les effets sur le partenaire.
Lors de blessure, on peut rester sur le bord du tatami et observer avec attention. On apprend par imitation, on s’entraîne avec les yeux. C’est une excellente méthode pour progresser et acquérir une forme externe. C’est assez rare que des pratiquants fassent le déplacement au dojo pour faire Mitori Geiko lorsqu’ils sont blessés. J’ai observé dans le dojo où j’enseigne, que seulement 10 % des blessés sont quand même présent au cours, mais au bord du tatami. A méditer.
Quand on s’entraîne physiquement, notre cerveau essaye d’emmagasiner beaucoup de choses pour retranscrire ensuite l’exercice demandé par le sensei. Or, quand on est sur le côté, on n’a pas cette obligation de retranscription, cela nous permet d’avoir un esprit plus libre, plus apte à intégrer. On se concentre sur tout ce que l’on voit et entend. Souvent, on perçoit des choses que la plus part des pratiquants ne voient pas. L’avantage d’être hors du cours, c’est que l’on a pas la possibilité de poser une question.
Il est évident, que vous n’apprendrez rien si vous discutez avec votre voisin ou/et si vous êtes scotché à votre smartphone. Vivez le moment présent. Sinon, invitez votre voisin à boire une bière tout en regardant votre téléphone devant un match d’aqua-poney 😉
On apprend aussi par le regard quand on va voir une démonstration d’expert comme la NAMT.
Mitori Geiko peut se réaliser quand on regarde une vidéo d’un expert, d’un maître, un documentaire. Même notre vidéo quand on se filme. Les possibilités sont nombreuses. On peut toujours apprendre.
Etre présent à un cours et ne pas s’entraîner, c’est aussi l’occasion de décrypter le travail des autres. S’interroger sur les qualités et défauts éventuels des pratiquants. De voir les variantes de gradés, d’essayer de visualiser les subtilités.
Avec mon métier/passion, j’apprends tous les jours. Réaliser et monter des DVD d’arts martiaux m’oblige à être concentré plusieurs heures par jours sur les vidéos de sensei et experts. Je passe des jours, des semaines à voir et revoir ces vidéos. Automatiquement, mon cerveau enregistre, donc j’apprends.
J’apprends aussi quand je suis dans une salle d’attente. Je me connecte et je regarde des VOD en Streaming pour rentabiliser mon temps au lieu de lire Gala 🙁
Attention
C’est d’une évidence que je me demande si c’est bien la peine d’en parler 🙂 La pratique des arts martiaux nécessite un savoir-faire. Mitori Geiko ne suffit pas ! Pour cela, nous devons pratiquer pour être des pratiquants. Seulement regarder serait seulement de la curiosité. Le passage à l’acte est nécessaire pour que notre corps imprime ce que notre cerveau à compris. Attention, on ne comprend pas toujours la bonne chose, ou suivant son niveau on ne comprend pas la même chose, c’est pour cela qu’il est important de faire se va et vient entre l’étude et la pratique. On peut aussi avoir bien compris, mais ne pas savoir faire. De plus, lors des entraînements et des stages, on a la possibilité de pratiquer avec le sensei, c’est bien là le plus grand des enseignements possibles, car on a alors l’occasion de sentir ce qui est invisible à l’œil…
J’espère que vous avez apprécié cette vidéo sur Mitori Geiko. Connaissiez-vous ce terme ? Le pratiquez-vous en dehors de cours ?
A très bientôt et bon entraînement.
Lionel
PS : Mitori et non Midori qui veut dire vert 😉
PS #2 : Encore mille merci à Lionel Pesqué, auteur de la superbe photo noir et blanc.