Dans ma pratique des arts martiaux, et spécialement celle du karaté et de l’Arnis Kali, j’aime savoir comment je suis placé dans telle ou telle situation/posture.
D’après moi, il est essentiel de savoir placer correctement son corps dans l’espace.
Un débutant observe et essaye de reproduire ce qu’il voit. Il y a très souvent un écart, pour ne pas dire un grand écart, entre ce qu’il pense faire et ce qu’il réalise réellement.
Dis-moi, dis-moi mon beau miroir…
C’est pour cela qu’il me semble primordial d’avoir un miroir dans le dojo (comme dans tous les espaces où l’on cultive le corps).
Le miroir va renvoyer une image, un feed-back au pratiquant, pour que celui-ci se rende compte de ses erreurs. Cela va lui permettre de mieux comparer sa « prestation » avec celle qu’on lui demande.
Il aide notamment à travailler sur son positionnement, son alignement, ses repères dans l’espace. Le miroir est un reflet de soi. Il va renvoyer une image froide de son travail, une image que le pratiquant devra apprendre à lire, à analyser, à décortiquer, et dont il devra se servir tout en ajustant en temps réel son travail.

Beaucoup d’élèves ont du mal à regarder le miroir, trouvant en lui un juge implacable. Ce n’est qu’avec le temps qu’il apprendra à vivre avec, à se servir de cet outil merveilleux pour accéder à une pratique plus « juste ».
Mais le miroir introduit plusieurs gros problèmes :
Tels Narcisse, certains élèves se perdent dans le reflet de leur propre image. Faisant tout le temps face à cette image de lui-même, l’élève ne la quitte plus des yeux, se souciant davantage de l’image qu’il renvoie plutôt que de la sensation qui gouverne le mouvement.
On est attiré par un miroir, pour voir si tout va bien, surtout quand on en a pris l’habitude. Et là est le problème majeur. On est attiré. Regarder sans cesse un miroir détourne notre attention et notre intention, les dirigeant vers l’extérieur alors que l’on devrait être concentré sur nous-mêmes, ou sur le partenaire si l’on est dans un travail à deux.
Alors, comment faire ?
- On peut enlever les miroirs du dojo.
- On peut leur tourner le dos.
Le meilleur moyen de profiter du meilleur des deux mondes serait d’après moi de laisser un petit miroir dans un coin de la salle pour les débutants, ce qui les aidera à s’autocorriger.
Le disposer suffisamment loin des avancés et des gradés, ce qui ne leur posera plus de problème d’intention.
J’aime avoir un retour d’information sur mon travail, même si celui-ci n’est qu’externe. Le travail externe reflète d’après moi le travail interne. Et pour avoir ce feed-back sur mon travail, je n’ai rien trouvé de mieux que de me filmer.
Me filmer ne détournera pas mon attention et mon intention. Je peux rester concentré sur moi-même et mon partenaire. Après coup, je peux prendre du temps pour décortiquer mes mouvements, ma structure, mon intention.
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4 commentaires
J’ai la chance de m’entraîner dans deux dojos différents , l’un avec , l’autre sans. Il,me semble que ce dernier n’est utile qu’au tout début de l’apprentissage des positions et des techniques . Puis très vite il devient un handicap à la progression. Il est impossible d’évoluer dans l’espace multi directionnel avec un oeil sur son image . Cela déforme la vision périphérique utile au combat . Ce n’est que mon point de vue , bien sûr…
Effectivement, le miroir aussi déforme notre vision périphérique.
Merci pour ce complément.
A bientôt
Je me filme pour travailler les katas, c’est très intéressant en effet de voir la différence entre ce que je crois faire et l’image qui ‘en ressort…
Ensuite, je retravaille donc mes posture plus facilement, avec ce regard critique.
Un miroir m’empêcherait d’être vraiment concentrée. Jananyserai sans cesse laspect de ce que je fais.
Je ne vais pas au karate pour faire la belle. Mon combat est plus interne 🙂
Oui se filmer et bien plus judicieux, c’est pour cela que j’en ai fais une vidéo/article.
Et comme tu dis, on est pas là pour faire les beaux 🙂
A bientôt et merci d’avoir partagé ta vision.
A bientôt et belle pratique