Qu’est-ce que cela signifie réellement d’atteindre la ceinture noire ? Est-ce la fin du voyage ou simplement une nouvelle étape sur un chemin sans fin ?
Ce n’est qu’une ceinture qui tient le pantalon. Le grade peut indiquer la compétence d’un pratiquant, mais il ne la garantit pas. Il devrait, mais il ne le fait pas.
La route vers la ceinture noire est longue et parsemée d’embûches, remplie de dévouement et de travail acharné. Le jour où vous atteignez cet objectif tant attendu, vous ressentez une immense fierté et une joie indescriptible. Mais que se passe-t-il ensuite ? Oh combien arrêtent après avoir eu ce permis.
Le lendemain de la réussite, au milieu de l’excitation qui commence à s’estomper, vous pourriez réaliser que… rien n’a vraiment changé. Vous avez peut-être quelques bleus de plus, un œil au beurre noir ou une côte douloureuse. Pourtant, au fond, vous restez la même personne.
Vous continuez à oublier certains détails dans les katas. Vous ne connaissez toujours pas les bunkai de nombreux katas. Vous vous sentez encore fragile en kihon. Vous avez toujours du mal à lire une attaque libre en jiyu ippon kumite. Et vous avez toujours ce fameux grain de beauté sur la joue !
Non, vous n’êtes pas spécial après tout. Et c’est parfaitement normal.
Cette vérité résonne profondément avec ma propre perspective sur les grades. Bien sûr, il est agréable d’être reconnu. J’y accordai beaucoup d’importance quand j’avais 20 ans, 30 ans après c’est bien différent. J’ai rien contre eux. Je me prête à l’exercice, à ce cadre imposé mais ce que je recherche c’est plutôt les regards ou mots approbateurs des sensei que je suis.
Après plus de 40 ans sur les tatamis, j’ai encore des mentors qui me guident et je les en remercie vivement.
Lors de mes nombreux entraînements à Okinawa, aux Philippines ou en Chine, j’ai souvent ressenti ce même sentiment : malgré toutes ces années de pratique, il reste encore tellement à apprendre. Chaque session de pratique est une occasion de se remettre en question, d’affiner ses compétences et de se rendre compte de la profondeur infinie de notre art. L’inspiration que je tire de ces derniers géants du Budo est inestimable et me pousse à toujours aller plus loin.
C’est cette passion et cette quête de progression que j’essaie de transmettre. Que ce soit lors de stages un peu partout dans le monde, au sein du club vidéo, ou dans le dojo Blagnac Arts Martiaux qui progresse chaque année. Mon objectif est de soutenir et d’inspirer chaque pratiquant de la même façon que je m’inspire des géants. Je m’efforce de créer un environnement où chacun peut grandir, apprendre et trouver sa propre voie dans le karaté.
Nous devons comprendre que le grade n’a que l’importance que nous lui accordons. D’un côté, obtenir un nouveau grade est une réalisation dont il faut être fier. Il représente le temps, le travail acharné et la pratique que vous avez investis dans vos keiko.
La véritable valeur de tout grade réside non pas dans le rang lui-même, mais dans le chemin qu’il représente – la persévérance, la discipline et la poursuite continue de l’amélioration. Un rappel de ce qui a été accompli et un motivateur pour ce qui reste à venir.
Alors, la prochaine fois que vous regardez votre ceinture noire, ne la voyez pas comme une fin en soi. Voyez-la comme un symbole de votre voyage, de votre dévouement et de votre désir constant de vous améliorer. Continuez à avancer, continuez à apprendre, et souvenez-vous que la véritable essence du karaté réside dans le voyage, pas dans la destination. Comme les géants du Budo que j’ai eu la chance de côtoyer, nous devons toujours travailler pour que nos compétences dépassent largement notre grade.
2 commentaires
j’aime tout ce que vous faites et je suis vos vidéos régulièrement pour une amélioration personnelle ensuite inculquer cela à mes apprenants. je vous remercie sincèrement…
Avec grand plaisir et merci de me suivre. Belle continuation