Avec le temps, je prends conscience que ma façon d’enseigner et que le contenu de mes cours et de mes stages changent. Un peu normal, me diras-tu après plus de 20 ans d’enseignement et 35 ans de pratique.
Je me rappelle les années où je prenais la voiture et faisais des centaines de kilomètres pour faire un stage de 2/3 heures. Je faisais l’aller-retour dans la journée, cela m’arrive encore mais moins souvent. Assoiffé de connaissance. Aujourd’hui, mon nombre de stages est bien moindre. Je suis plus sélectif et surtout j’ai beaucoup moins de temps, donc je dois aller à l’essentiel. Je dois me diriger vers des stages où je sais que je vais apprendre et capter des informations qui vont nourrir ma recherche et mon enseignement. Je sélectionne les sensei en fonction de ce qu’ils peuvent m’enseigner dans ma recherche.
Je profite du temps libre, ou je le crée, pour m’entraîner personnellement, car, pour moi, celui qui arrête de s’entraîner, de rechercher, n’est plus en mesure de faire vivre son enseignement. J’ai donc toujours à cœur de m’entraîner seul et en stage. De toujours attiser ma flamme 🙂
Voyager, apprendre
Depuis 10 ans, LE stage annuel, c’est quand je pars En Terre Martiale. Chaque voyage/tournage/stage me permet de travailler intensément un art. En général, il ne s’agit pas de mon style, mais ce n’est pas grave, cela me met dans une situation d’apprentissage tant sur le côté technique que pédagogique.
Il est dit que, pour mieux voir sa montagne, il est intéressant de gravir une autre montagne pour voir sa propre montagne sous un jour nouveau, sous un autre angle.
Voilà ce que m’apportent ces voyages stages : une autre vision sur ma pratique, mes recherches.
Et je m’en nourris martialement et humainement. Et par la même occasion, avec du temps et beaucoup de travail, le retransmettre aux élèves et stagiaires.
Tant sur le plan technique, théorique et pédagogique, ces enseignements sont une richesse incalculable. Avec le recul, je me rends compte que j’ai beaucoup de chance.
De la chance. Et oui, j’ai eu le courage de me lancer, de continuer et de croire en mes rêves. De penser que je pouvais le faire, de croire en moi, de ne pas écouter les jaloux et autres insatisfaits. J’ai foncé (je fonce toujours). J’ai forcé « ma bonne étoile » et par chance, ce que j’avais prévu, c’est réalisé puissance 10.
Ce qui est incroyable, c’est que même si à l’époque je visais la lune, je n’aurais jamais imaginé pouvoir toucher une étoile. Là est ma chance. Pour le reste, ce n’est que de l’envie, de la persistance et énormément de travail.
Tout ça pour dire, qu’en 10 ans, après 13 documentaires En Terre Martiale, je vois combien ma pratique martiale et mon enseignement ont changé. Normal, on change tous 🙂
J’ai aussi changé. J’ai pris 10 ans dans les dents et un gros tas de cheveux blancs (merci de me l’avoir fait remarquer dans vos commentaires) et peut-être acquis une certaine quiétude envers ma pratique et la vie en général.
Avec le temps, j’ai compris ce que je faisais et surtout pourquoi je le faisais.
Celui qui ne sait pas ce qu’il cherche, ne comprend pas ce qu’il trouve.
Dr Claude Bernard
J’ai rayé de mon entraînement certaines choses qui ne me correspondaient pas.
J’ai rajouté ce qui me paraît pertinent à ce jour. Peut-être que, demain, cela disparaîtra.
J’ai toujours autant à cœur de transmettre mon savoir et savoir-faire, de partager une tranche de vie et pourquoi pas d’inspirer des pratiquants à s’entraîner plus, plus durement, et de vivre leurs rêves comme moi.
Je n’essaye pas de « copier » ce que faisaient les anciens. Une copie restera qu’une copie.
J’essaye de comprendre le cheminement des anciens, de m’en inspirer, d’en retirer des leçons, de viser la même direction qu’il s’était fixée (je présume cette direction).
Un challenge de taille.
Mais un chemin qui mérite qu’on lui prête toute son attention, un chemin parsemé de détours, d’embûches, de mini-victoires, de désillusions…
Un chemin de vie. Mon chemin.
Merci à tous de me suivre sur mon chemin, que ce soit de loin ou à mes côtés.
À très bientôt sur les tatamis d’ici ou d’ailleurs.
Lionel