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Désertification des adolescents dans les dojos ?

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Quand on est enseignant depuis un bon moment comme moi (plus de 20 ans), s’il y a bien un phénomène qui peut nous agacer, c’est la désertification des adolescents du dojo. Je ne sais pas vous, mais j’ai toujours perdu pas mal d’ados, jusqu’à ce que je change une chose dans le dojo.

Quelques chiffres de la FFK (2016-2017) :

  • Total licenciés : 256 083
  • 174 053 en karaté
  • Seniors : 45 %
  • Juniors : 4 % – 16/17 ans
  • Cadets : 6 % – 14/15 ans
  • Minimes : 7 % – 12/13 ans
  • Benjamins : 10 %
  • Pupilles : 11 %
  • Poussins : 10 %
  • Mini-poussins : 5 %

À l’exception des mini-poussins, les adolescents représentent les plus petites tranches d’âges en termes de représentation. Mais d’où vient ce phénomène ? Je pense que cela mériterait une étude poussée.

La désertification des adolescents dans le dojo où j’enseigne, Blagnac Arts Martiaux. Ou devrais-je plutôt dire désertion ? J’aime pas ce mot, désertion, surtout dans ce sujet. Je préfère utiliser désertification car sous-entant un phénomène naturel ou humain amenant une absence de vie dans un lieu. Et c’est bien cela qui se passe, une absence de ces jeunes plein de vie.

La représentation des adolescents (minimes, cadets et juniors) dans le club est de 19 %, contre 17 % au niveau national. Ce qui, à mon sens, est plutôt bien, laissant suffisamment de place pour les enfants. La plus grande partie des licenciés est la catégorie adultes senior. Les cours adultes (cadet à senior) représente 60% des effectifs du dojo.

Je pense que le problème que rencontrent tous les dojos de karaté et autres arts martiaux avec les adolescents, c’est qu’ils découvrent la liberté. On les a peut-être forcés à faire du karaté et, à l’adolescence, ils se rebellent. C’est normal, et même sain. Ils n’ont plus le temps de venir aux cours, car ils ont trop de devoirs à la maison, et, bien sûr, les études doivent passer avant le dojo, même si je suis d’accord pour dire que le dojo doit être un endroit pour relâcher la soupape, sous surveillance. C’est aussi l’âge des amourettes… C’est un âge très compliqué. Peu d’entre nous sortent indemnes de cette période.

Comment tenter de garder les adolescents dans nos cours ?

L’une des périodes où l’on voit beaucoup d’adolescents déserter le tatami, c’est le passage du cours enfant au cours adulte.

Normal : ils étaient les plus grands et souvent plus avancés aux cours enfants. Mais, une fois chez les « grands », les adultes, c’est une tout autre histoire. Souvent, ils sont mis de côté par le groupe. Les anciens ne travaillent pas avec eux, car ils ne veulent pas les « casser ». L’adolescent, de son côté, ne trouve pas sa place et n’arrive pas à s’imposer dans ce nouvel univers, où il doit en permanence montrer qu’il a sa place au sein du cours.

cel de bras en karate avec des enfants

Mon passage au cours adulte

Avant de passer aux cours adultes dans la section de mon père, j’étais l’un des plus haut gradés dans le cours enfant, avec ma maman comme sensei. Oui, c’est une histoire de famille, le karaté, chez les Froidure. Bref, j’étais ceinture bleue. Mon père m’a dit que, de toute façon, il ne donnerait pas une ceinture marron à un enfant. Je me suis donc, comment dire, énervé sur la question, et la solution a été de monter sur le tatami pour passer ma ceinture marron avec les adultes. J’ai eu ma ceinture, mais je pense que j’ai souffert trois fois plus que les autres, car je n’étais qu’un jeune ado doublé de fils du prof. Du côté de mon père, il ne pouvait pas me laisser porter une ceinture marron s’il y avait la moindre contestation auprès de ses élèves gradés. Très compréhensible, avec le recul. J’ai souffert, mais j’ai réussi. À partir de ce jour, je suis passé au cours des adultes. J’avais tout juste 14 ans.

Pendant deux ans, j’ai dû me battre contre vents et marées pour me faire accepter en tant que pratiquant, et non comme un enfant ou comme le fils du prof, qu’il ne faut surtout pas casser. À force de persuasion et de travail acharné, j’ai réussi à me faire admettre. Mais ma légitimité n’est arrivée que lorsque j’ai eu 16 ans, lors de mon premier championnat de France, combat où j’ai terminé second. J’avais ma place sur le tatami avec les adultes, et j’avais réussi à inverser les rôles : je faisais attention à ne pas casser d’adultes. Pas tous, car il y avait de sacrés combattants, avec qui j’apprenais tous les jours. Merci à eux s’ils lisent ces quelques lignes.

Finalement, je m’en suis bien sorti. Mais qu’en est-il des autres, qui n’avaient pas la compétition pour se faire remarquer, ceux qui avaient un petit gabarit, ceux qui n’osaient pas se rebeller tellement ils étaient en manque de confiance et mal dans leur peau d’adolescent ?

Malheureusement, la plupart sont partis. Ils ont quitté le dojo pour x ou y raison.

Cours spécial adolescents

Quand j’étais jeune prof de 18 ans, après l’obtention de mon DIF, j’avais mis en place un cours ado dans le dojo de mes parents, pour transmettre ce que j’apprenais en équipe de France. Le cours n’était pas très rempli, mais le travail était là, et ils en redemandaient.

Avec le temps, j’ai arrêté d’enseigner dans le club de mes parents pour voler de mes propres ailes après l’obtention de mon diplôme d’état BEES. En septembre 2000, je suis devenu le chargé des cours karaté au Blagnac Arts Martiaux, et, depuis, j’y suis toujours. Au début, deux fois par semaine, pour arriver maintenant à 14 h de cours hebdomadaires. Etre un pro, c’est aussi, ça. Ma tenue de travail est aussi ma tenue d’entraînement : le karate-gi.

Il y a deux ans, j’ai remis en place ce cours ado. Il permet aux enfants de 11, 12 ou 13 ans de se joindre aux plus grands ados, qui sont déjà aux cours adultes (14, 15, 16 et 17 ans). Un cours adolescents de karaté ouvert aux 11-17 ans. Ce cours permet aux petits de se « frotter » et de prendre exemple sur les plus grands, qui ne sont pas des adultes, et pour les grands, de leur apprendre à devenir des sempai. Pour les plus jeunes, c’est un cours important, car il leur permet de prendre contact avec des ados qu’ils retrouveront dans les courtes années à venir, aux cours adultes. Ils se sentiront moins seuls, moins abandonnés ; ils connaîtront déjà du monde.

Le taux de participation est excellent. Le cours a beaucoup de succès. Les adolescents, tout fraîchement arrivés aux cours adultes, ne sont pas perdus dans la masse, et s’intègrent plus facilement.

C’est bien cela que l’on recherche tous : appartenir à un groupe qui a les mêmes valeurs.

Cette année, j’ai trois adolescents qui ont réussi du premier coup leur ceinture noire premier dan. Tous préparent le bac en fin d’année. C’est compliqué, mais ils ont fait ce qu’il fallait pour y arriver, et je pense que le cours ados les a aidés. Bientôt, ils ne pourront plus venir, et, déjà, ils me disent que cela va leur manquer. Ils étaient déjà des références aux yeux des autres, mais aujourd’hui, après l’obtention de la « mythique » ceinture noire, ils sont de venu des les références du cours. Cela incite les autres à persévérer, repousser leurs limites pour atteindre une rêve d’enfant en s’identifiant à ces jeunes gradés.

Avec tous ces pré-ados et ados, j’essaye autant que possible d’être un sensei, une référence, un conseil et une écoute. Une tâche compliquée mais extrêmement gratifiante.

Et vous, comme cela se passe-t-il avec les adolescents dans vos cours ?

Bon entraînements à tous.

LionelEnregistrerEnregistrerEnregistrerEnregistrerEnregistrerEnregistrerEnregistrerEnregistrerEnregistrerEnregistrer

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Lionel Froidure

Fondateur de Imagin' Arts - CN 6ème Dan Karaté - CN 6ème dan Arnis Kali - Professeur diplômé d’état DEJEPS - Instructeur Arnis Kali 3ème degré WADR - Enseignant au Blagnac Arts Martiaux - Ma citation : "Pour être un pratiquant il faut pratiquer. Alors pratiquons. » - J’adore partager mes connaissances pour vous permettre de progresser que ce soit au dojo, en stage et bien sur dans le Club Vidéo.

7 commentaires

  1. Je pense que dans beaucoup de clubs, l’aspect traditionnel du karaté n’est pas beaucoup travaillé chez les petits, mais plutôt l’aspect ludique et une direction vers la compétition, avec gants, etc… Du coup, lorsqu’ils passent dans les cours adultes, lorsque le club axe ses cours vers le côté « traditionnel » du karaté, le jeune pratiquant ne se retrouve plus et cela pourrait l’inciter à stopper.
    A mon sens, il faut dans un club, une continuité dans la méthode pratiquée, soit avoir une section sportive pour les compétiteurs permettant ainsi de « recevoir » les plus jeunes, soit très tôt travailler avec les petits l’aspect « traditionnel de la discipline.

    1. Bonjour Bernard,
      C’est très juste. Si les cours enfants sont très ludiques et peu technique, quand ils passent aux adultes c’est un autre monde.
      A mon sens, le ludique doit être présent dans la technique et pas l’inverse. Je suis un peu old-school, et dans mes cours enfants 10/13 ans, ils ont peu de « jeu », en général juste à la fin. Le cours des 6/9 ans, c’est bien plus axé sur le jeu et, la coordination pour apprendre les techniques de bases du karatéka. Une progression vers le Karaté.
      Bonne journée et à bientôt

  2. Bonjour,
    Je me permets d’intervenir sur la question. Mon expérience remonte un peu, les choses ont sans doute changé, mais je me dis qu’elle pourrait toujours être utile à quelqu’un.
    Le karaté était une vraie passion : stage, compétitions, lectures, etc. À 14 ans, on m’a demandé de passer chez les adultes. C’était un petit club, il n’y avait pas beaucoup de pratiquants avancés. Une seule ceinture noire parmi les élèves, si ma mémoire est bonne. Du genre 1m80 pour 100 kilos. Dans le cadre d’un combat souple, il m’a cassé une dent. Pas d’excuses de sa part, juste un petit sourire satisfait. Je n’ai pas su parer le coup, j’ai ressenti une vraie frustration, et pour la première fois je me suis senti en danger dans ma pratique. Ma confiance en a pris un sacré coup. J’ai commencé à rater des entraînements, ce qui ne m’était jamais arrivé.
    La saison d’après, je me suis retrouvé en compétition face à un type très fort, plus grand que moi et beaucoup plus puissant. Il ne contrôlait pas ses coups. J’ai pris deux mawashi dans la mâchoire (pas de protège-pied à l’époque), qui a craqué ensuite pendant une dizaine d’années. J’ai préféré arrêter le combat (pour la défense des arbitres, j’encaissais en restant assez stoïque, au moins en apparence), ce qui m’a valu de sérieux reproches. Cette fois-ci, question confiance, c’était l’effondrement total.
    Ne voulant pas rester sur un tel échec, j’ai cessé de me rendre au club et me suis entraîné de mon côté. J’ai participé à une dernière compétition, que j’ai remportée, puis j’ai arrêté. Aujourd’hui, le karaté me manque. J’ai arrêté pour de mauvaises raisons, même si je ne me fais pas de reproche. J’étais encore un enfant, et j’avais le droit d’avoir peur. Arrêter était d’autant plus idiot que j’avais établi une stratégie simple mais efficace pour contrôler la puissance de mes adversaires, en étant très mobile, ce qui me rendait difficile à atteindre, la preuve que le métier rentrait, ce dont je n’avais pas conscience.
    La morale de mon expérience, pour moi, est double : déjà, il faut apprendre à développer les réflexes des enfants, notamment en ce qui concerne les parades. Je ne savais pas parer autrement que de la façon dont on m’avait appris, c’est-à-dire gedan barai, age uke, etc. Je n’étais pas correctement préparé au combat. Ma pratique jouait même contre moi, puisqu’elle avait annihilé mes réflexes. Ensuite, il ne faut pas juger trop sévèrement de jeunes adolescents. Au contraire, il faut être à l’écoute, les accompagner psychologiquement quand ils prennent des mauvais coups, et travailler avec eux pour que ça n’arrive pas trop souvent. Bref, de ne pas les laisser seuls avec leur impression de ne pas être à la hauteur et de mettre leur intégrité physique en jeu à chaque fois qu’ils enfilent leur gi.

    1. Bonjour Nicolas et merci pour ton témoignage qui ouvrira peut-être à la réflexion certains enseignants.
      Peut-être un jour la reprise non pas pour prouver que l’on est meilleur que les autres mais plutôt que soi-même ?

      1. Oui, j’en ai très envie. Je vais essayer de trouver un dojo à la rentrée. Reprendre n’est jamais simple, et je regrette de ne pas être toulousain. En attendant, je révise grâce à tes vidéos (le programme ceinture par ceinture est formidable). Je me remémore ce que j’ai oublié, je découvre de nouvelles choses, je comprends aussi les erreurs que je pouvais faire. Ton travail est précieux. Merci, Sensei !

  3. D’abord, s’agit il d’un problème spécifique au Karaté ou à toutes les pratiques sportives ( ou autres d’ailleurs)?
    Ensuite pour y remédier, effectivement, la mise en place d’un créneau ados est à mon avis, une excellente chose sur le fond.
    Faut il encore l’étudier sur plusieurs angles :
    Est-ce que j’ai un potentiel suffisant ? Et qui va adhérer.
    Est-ce que j’ai le créneau, ou comment l’obtenir ?
    Est-ce que j’ai le prof ? Les compétences?
    Quid de l’éventuel impact économique pour mon club ? À court, moyen et long terme. ( Et oui, un créneau de plus ça peut vouloir dire des frais supplémentaires de location, et aussi un salaire de prof associé).

    Ensuite l’approche technique . Que fait on dans ce cours ?
    On bascule progressivement d’une pédagogie enfant vers une pédagogie adulte ? Donc en intégrant, tout aussi progressivement une approche plus «traditionnelle» ?
    Pour les plus «performants » on maintient et développe l’aspect compétitif ?
    Et aussi on cherche à orienter et proposer : l’arbitrage ? Le Jury de grade ? L’enseignement ?

    Et puis….à 18 ans….j’ai réussi mon bac et je me tire ailleurs pour faire mes études ‍♂️
    Ou alors, et souvent un peu plus tôt, je découvre qu’il y a d’autres choses que le sport dans la vie Et ben donc, le vendredi soir, plutôt que d’aller m’entraîner….. je vais faire ces «autres choses»
    Certe, l’un n’empêche pas l’autre. Mais ça c’est une vision mature de la vie.

    Bonne réflexion

    1. Merci pour ton commentaire et ton analyse très complète !

      Concernant ta première question, la désertification des adolescents n’est pas propre au karaté. C’est un phénomène qui touche également d’autres sports, surtout à un âge où les jeunes découvrent plus de liberté, de responsabilités scolaires et sociales. Chaque discipline doit donc s’adapter pour mieux répondre à ces enjeux.

      La mise en place d’un créneau ado est une bonne idée et il faut bien sûr évaluer la faisabilité : le potentiel, la disponibilité du créneau, les compétences du professeur, et les implications financières sont des points clés à ne pas négliger.

      Sur le plan pédagogique, je suis d’accord, il faut faire la transition de l’approche enfantine vers une pédagogie plus adulte, tout en intégrant les jeunes dans le cadre traditionnel. Pour les plus motivés, inclure des opportunités comme la compétition, l’arbitrage ou même l’enseignement est un excellent moyen de les engager davantage.

      Quant à l’inévitable départ post-bac, c’est un défi pour tous les clubs. Toutefois, en leur offrant des bases solides et un environnement stimulant, certains reviendront plus tard ou resteront connectés d’une manière ou d’une autre.

      Merci encore pour ta réflexion et bonne continuation dans ton dojo !

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