Cet article est une synthèse de mon parcours et de mes réflexions, initialement paru dans le magazine Yashima.
Avez-vous déjà réfléchi à ce que l’ajout d’une arme pourrait apporter à votre pratique des arts martiaux ? Comment l’intégration de différents styles pourrait transformer votre compréhension du combat ? C’est ce que j’ai découvert tout au long de mon parcours, en tant que pratiquant passionné de Karate Shōtōkan, enrichi par le kobudō d’Okinawa et les arts martiaux philippins, l’Arnis Doblete Rapilon.
Les débuts : de la fascination aux premières armes
Comme beaucoup de ma génération, j’ai été fasciné par les films de Bruce Lee, ce qui m’a conduit naturellement à m’initier aux arts martiaux, et notamment au maniement du nunchaku.
Mes premiers pas dans l’étude des armes ont été bricolés, avec un nunchaku fait maison par mon père. Cependant, cette passion pour les armes s’est rapidement heurtée à un manque dans ma discipline principale, le Karate Shōtōkan, qui ne me permettait pas de travailler avec ces outils de combat.
C’est ce manque qui m’a poussé à explorer d’autres disciplines. À l’adolescence, j’ai découvert le travail à mains nues contre des armes dans le Nihon Tai Jitsu et l’Aikidō. J’ai alors compris l’importance d’apprendre à gérer la distance et le contact direct avec un adversaire armé.
Le tournant : Okinawa et la découverte du kobudō
La véritable transformation de ma pratique a commencé quand j’ai découvert le kobudō d’Okinawa, sous la direction d’Oshiro Zenei. J’ai été fasciné par la richesse des techniques et la diversité des armes comme le bō, le sai, et le nunchaku. Cette nouvelle approche du combat, axée sur la gestion des différentes distances qu’imposent les armes de longueurs variées, a non seulement enrichi ma pratique martiale, mais aussi renforcé mon Karate.
Un nouveau défi : les arts martiaux philippins
En 2007, une nouvelle aventure m’a conduit aux Philippines, où je me suis immergé dans les arts martiaux locaux tels que l’Arnis, le Kali et l’Eskrima. Là-bas, j’ai rencontré des maîtres qui avaient véritablement combattu pour leur survie à l’arme blanche. Cette expérience a bouleversé ma vision du combat. L’Arnis, avec sa diversité d’armes – du bâton court au couteau en passant par la griffe – m’a confronté à des combinaisons inédites et à une compréhension plus fine des distances.
Ce voyage aux Philippines n’a pas été simplement une découverte technique, mais aussi un plongeon dans un art où l’efficacité et la réalité du combat sont au cœur de la pratique. La répétition de séquences en binôme, l’augmentation progressive de l’intensité jusqu’à l’utilisation de lames tranchantes, m’ont permis d’affiner mes réflexes, ma précision, et mon approche pragmatique du combat.
L’apport des armes : de la perception à l’enseignement
L’un des grands enseignements de mon parcours avec les armes est la façon dont elles affinent la perception de la distance et du rythme. En combat armé, chaque mouvement, chaque attaque est immédiat et clair, ce qui renforce la compréhension de la distance, un aspect souvent flou dans le travail à mains nues.
De plus, le travail des armes a transformé ma façon d’enseigner. L’enseignement des arts martiaux philippins, avec son accent sur les angles et la lecture des attaques, m’a permis de structurer mon approche pédagogique grace à mon maître Dani Faynot. Ce savoir, une fois assimilé, a enrichi mes cours de Karate, offrant une vision plus globale et intégrée des arts martiaux.
Une pratique enrichie, un enseignement sublimé
Mon parcours m’a montré à quel point l’intégration de différentes disciplines peut transformer une pratique martiale. En combinant le Karate et maintenant les arts martiaux philippins, j’ai non seulement élargi ma maîtrise technique, mais aussi aiguisé ma perception du combat, de la distance et de l’enseignement. Aujourd’hui, ma pratique est un mélange subtil où chaque discipline nourrit l’autre, créant une pratique fluide, précise et adaptée à la réalité du combat.
Si vous souhaitez découvrir d’autres histoires fascinantes d’arts martiaux, je vous invite à lire le magazine Yashima, où cet article et bien d’autres vous attendent pour enrichir votre propre pratique martiale.