On m’a toujours apprit que celui qui pose une question s’expose à la réponse. Voilà pourquoi j’ai lancé cette rubrique : Réflexions Martiales, car je suis un curieux indécrottable. Et les partagent avec vous pour en débattre et faire évoluer un point de vue. Il m’arrive de partager cette rubrique avec des amis et experts d’arts martiaux pour y apporter un peu de fraîcheur et surtout une autre vision que la mienne. Car on avance pas seul mais ensemble. Voici le thème de la réflexion que j’ai proposé à mon ami : Michel Kervadec, 6e dan Karaté Shotokan, BEES 2° degré, DESJEPS :
Les enfants doivent-ils respecter ou craindre le sensei ?
A travers ce texte, il vous propose son point de vue sur ce vaste sujet qui pourrait facilement être le sujet d’un séminaire. Les approches et conclusions sont nombreuses. Je vous invite à découvrir sa vision, de découvrir sa réflexion qui, je l’espère, « touchera » tous les sensei ayant pour public des enfants.
Lionel Froidure
« Sensei » : de quelles manière est-il utile pour l’enfant ?
Il doit être capable d’accompagner les enfants par la mise en œuvre de parcours et progressions adaptés aux différents rythmes et phases de développement, menant l’enfant vers l’adolescence et l’âge adulte. (Compétences en psychologie, physiologie, biomécanique, technique de l’activité, sciences de l’éducation, etc.)
Respect, apprentissage et transmission :
Le Sensei par les connaissances et les compétences qu’il transmet, participe à l’épanouissement et au bien grandir de l’enfant. La qualité des exercices et des situations qu’il propose conditionnent l’engagement et le niveau de motivation des enfants vis-à-vis de la pratique de l’art martial.
Moralement, c’est un véritable « contrat de confiance » qui doit s’établir entre les différents acteurs garants de l’éducation de l’enfant (enfant – éducateur – famille – environnement social) des tatamis à la vraie vie.
S’affronter, collaborer, partager, résister, argumenter, défendre ses positions, lâcher prise, sont des actions apprises au sein des arts martiaux et transférables à la vie en société.
Respecter le Senseï c’est prendre conscience de son rôle de transmetteur de valeurs et de compétences, indispensables au vivre ensemble et à la maîtrise de soi en toutes situations.
Pour être respecté, un Sensei doit rassurer par son attitude positive, ses compétences techniques et morales. Il doit faire preuve de bienveillance et de respect à l’égard des personnes qui s’intéressent à son enseignement.
Quelles postures et quels comportements le Sensei adopte-t-il pour transmettre compétences, connaissances et valeurs ?
Autorité et légitimité
A la base, et de manière fonctionnelle, le Sensei détient l’autorité de celui qui sait, qui est garant et reconnu par une Fédération pour enseigner et animer un art martial, en toute sécurité morale et physique. A ce titre, le Sensei fait autorité et est respecté dans un cadre associatif défini.
Autorité et autoritarisme
Faire autorité n’est pas être autoritaire.
Enseigner les arts martiaux en se faisant craindre des enfants et en utilisant la contrainte et la peur comme outils d’apprentissage, peut être le révélateur d’une défaillance pédagogique, d’une incapacité à adapter son enseignement à un public particulier.
Celles-ci soulignent le peu de confiance que l’enseignant éprouve en sa capacité à captiver l’attention du groupe par une programmation, un plan de cours, des exercices et situations adaptées et motivantes.
L’approche autoritaire peut illustrer également la volonté de dominer, de soumettre autrui, de maintenir sous l’influence du «Maître» un public à priori plus fragile. La stratégie est ici d’utiliser comme outils la peur et la crainte du «Maître» sous prétexte d’apprendre aux enfants, le respect, la discipline et la politesse.
Les enfants ont besoin d’écoute, de bienveillance renforcée, le tout dans un contexte sécurisant et propice aux apprentissages.
Défaillance pédagogique et dérive de la relation « Maître et Disciples » conduisent à plus ou moins longue échéance, à l’affaiblissement voire à la disparition du respect de l’enfant alors éclairé, à l’égard du Sensei.
On n’impose pas le respect, on le gagne !
Enfin, le respect ça se gagne dans le temps :
Le respect, entre un Sensei et un enfant est le résultat d’un processus qui se construit dans le temps. Le respect naît de ce qui est apporté et partagé des deux côtés : la connaissance, les compétences, l’ouverture d’esprit, la créativité, l’esprit critique, le libre arbitre, la confiance en soi.
Pour que naisse le respect, il est incontournable de partager un contrat de confiance moral « durable » fondé sur le « bien progresser ensemble » (enseignant et enseigné).
Il ne s’agit donc pas de prendre la posture d’un gourou autoritaire imposant respect et crainte ou d’un « Sensei copain » mais bien de travailler sur une co construction du bien grandir avec pour support les arts martiaux et leurs valeurs.
Le respect partagé entre l’enfant et le Sensei sera la conséquence positive du parcours réalisé ensemble.
« Même pas peur, Sensei – Enfant, le respect, ça prend du temps ! »
Retrouvez régulièrement Michel Kervadec en stage partout en France. Il est l’auteur de 2 DVD vidéo sur la pédagogie Karaté pour les enfants.
23 commentaires
Article très sympa, généralement les enfants ont un total respect envers leur professeur. A quand un article similaire pour les adultes ?
Merci pour la lecture Bruno.
Peut être bien à la rentrée.
un sensei doit savoir obtenir le respect de ses élèves. on ne fait rien de bon par crainte et cela révèlerai un bien pietre enseignant.
Ils n’ont rien à craindre de personne,et le respect de chacun
Je préfère le respect que la crainte…
Respect. Est mieux que la Crainte
Je connais des instructeurs qui ne mérite meme pas le titre de Sensei parce qu’il n’ont jamais appris le respect
En aucun cas le craindre
le respect la crainte veut dire que l’enseignement des valeurs est raté
le respect est un contrat commun sur la voie martiale, la crainte est une illusion et une prison limitative où maitre et élève se tiennent juste à un jeu psychologique et animal… Pour se dépasser il faut se respecter, il en va de même pour son adversaire, qui est un partenaire dans la voie… et ce questionnement est à méditer aussi chez l’adulte, l’enfant est un sage dans un écrin de porcelaine… Pratiquante de Bagua Zhang et de Qi Gong Sibérien, amicalement. ^^
Si on y réfléchi……le respect est une conséquence de la crainte.
Surtout à cet âge
Respecter
respecter certainement craindre je vois pas pourquoi
tout commence par le respect après tout dépend si les enfants sont ou non à l’écoute lors des entrainements
Les élèves doivent apprendre dans le respect. Les leçons apprises demeurent ainsi à vie… Quand on apprend dans la crainte, c’est ce sentiment dont on se souvient et non des enseignements!
Respecter comme d’habitude, toutes les personnes.Le respect est une éducation faite à la naissance par les parents.
Mieux vaut être respecté que craint…
D’abord parce que le respect est une valeur fondamentale, et parce que le jour où la crainte disparaît, ne subsiste souvent que le besoin de prendre le dessus.
Ce sont les dictateurs qui gouvernent par la crainte.
Respecter oui mais jamais craindre,ce serait un mauvais maitre
RESPECTER serait plutôt le » mot d’ordre » lorsque on pose le pied sur un tatamis. La crainte ?? Elle peut éventuellement apparaître, mais pas celle du senseï. La crainte d’une maladresse, d’un mal faire par ignorance de….. oui, ça arrive à tous débutants.
respecter je préfère
Le respecter énormément, surement pas le craindre, comme pour les adultes en somme.
Si on a besoin de craindre quelqu’un pour suivre son enseignement, il faut se poser des questions sur soit.
Pour ma part le respect est un échange: si on ne montre pas de respect envers son élève, ce dernier n’en montrera pas envers son professeur ou Senseï. Personnellement je préfère être « celui qui enseigne » que « celui qui sait ».