J’ai découvert le travail des armes avec le Kobudo. J’ai travaillé le bo, tonfa, saï et nunchaku (pour faire comme Bruce Lee). J’essayais de faire un parallèle entre mon entraînement en karaté et en kobudo. Mais il me manquait quelque chose, je ne savais pas quoi.
Ce n’est qu’en 2007, que je découvre les arts martiaux philippins : Arnis Kali Eskrima. Lors du tournage de mon premier documentaire En Terre Martiale les guerriers Philippins. J’ai pris une belle claque martiale.
Le travail très combatif de l’école Doblete Rapilon ne repose pas sur un travail dit de forme (kata, tao…) mais sur un travail de concepts et de principes. Ce qui change beaucoup de choses dans le fond et dans la forme de corps au final.
J’avais déjà travaillé contre des lames vivantes (couteau) dans le passé en jutsu mais j’avais pas conscience de tout. Ce n’est qu’avec l’Arnis Kali et avec mon maître Dani Faynot que le déclic est arrivé. J’avais trouvé ce qu’il me manquait. Il fallait que je pratique cet art martial pragmatique et efficace.
Ma première leçon de combat au couteau me fut donné au coucher de soleil sur le bord de mer de l’île de Boracay par Dani Faynot. Vous me direz ce n’est pas l’idéal, mais au moins je m’en souviens parfaitement. Chacun un Spyderco dans la main et on y va. J’étais rigide, maladroit, lent, et surtout j’avais peur de lui faire mal. Oui aussi de recevoir un coup mais surtout de porter un coup non maitrisé. Je savais qu’à la moindre erreur de ma part, le blessure pouvait être sévère. Je savais que lui il maîtrisait. A cet instant, tout est devenu clair : la grande majorité des techniques enseignées pour se défendre au couteau ne seront uniquement efficaces que si la personne d’en face n’est pas un spécialiste, n’a pas un couteau dans les mains tous les jours, qu’il n’a pas apprit à dompter l’âme de l’acier dans sa main. Mais contre un spécialiste, ces techniques ne marchent pas et Dani me l’a bien montré. J’avais beau chercher, je n’avais pas les clés de ce travail à la lame vivante.
Je pratique l’Arnis Kali Doblete Rapilon depuis 10 ans, que ce soit en France sous la tutelle de mon ami et frère d’arme Grégoire Grès mais aussi aux Philippines lorsque j’y ai vécu un bout de temps et lors de mes nombreux voyages. Le travail au couteau a toujours été très compliqué dans son approche car je savais que cette arme était létale. Plus j’avance dans mon entraînement plus je suis précautionneux.
J’enseigne cet art depuis quelques années et j’ai ouvert une section il y un peu plus de 2 ans. Le travail des armes attire les foules. Le couteau est une arme dont on aimerait en connaitre les secrets mais en même temps nous effraie.
Même si au début de l’apprentissage, on pratique avec des couteaux non tranchants, à partir d’un certain niveau, il est obligatoire de travailler avec une lame vivante, une arme tranchante, une vraie arme de combat qui peu ôter la vie à quelqu’un.
J’ai toujours eu peur de la blessure par arme blanche. Même si on travaille dans un environnement sécurisé qu’est le dojo, avec des exercices bien codifiés pour renforcer cette sécurité. La blessure doit toujours être dans l’esprit du pratiquant. Il sait que cela peut couper ou piquer et engendrer une blessure sévère.
Malheureusement, début 2017, un élève à tranché profondément l’avant bras d’un autre élève. Au final, 5h aux urgences de Toulouse, 6 beaux points de suture et surtout une grosse frayeur. Les dégâts ont été limités. L’élève qui à coupé l’autre s’en veut terriblement. C’est parfaitement compréhensible. Mais il doit accepter l’accident et s’en servir d’un rappel à la sécurité. Ce qui est sûr, c’est qu’il s’en souviendra. Ce que je retiens de cette fraîche expérience, c’est que même à vitesse modérée, dans un dojo sous la supervision d’un enseignant, le manque d’attention de l’attaquant et du défenseur peut amener à un réel danger. Cela va sûrement refroidir d’autres élèves de commencer à travailler avec un couteau tranchant. Ce qui est bien ! Si il n’est pas prêt à accepter les risques, et il y en a, il n’est pas prêt à s’entraîner avec une lame vivante.
Pour finir, je vous en supplie, ne faites pas n’importe quoi. Ne travaillez pas aux armes tranchantes sans supervision, à grande vitesse, sans matériel médical à portée de main… Le « jeu » n’en vaut pas la chandelle. Le risque zéro n’existe pas, la preuve par l’image.
Lionel
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5 commentaires
Au lieu d’apprendre le combat au couteau, il serait plus sage d’apprendre les diverses techniques permettant de » neutraliser » un agresseur avec un couteau. La presse se fait l’écho de nombreuses agressions au couteau et je pense qu’une large majorité de personnes ne sait pas se défendre en présence d’une attaque au couteau. Personnellement, je suis demandeur de vidéos dans ce sens.
Bonjour Bliek,
Apprendre des défenses contre des attaques au couteau avant même de savoir ce que le couteau peut faire c’est comme vouloir faire de la formule1 en ayant juste son permis B. C’est très dangereux. Apprendre à connaître l’arme, à connaître ses forces, ses possibilités, sa dangerosité… C’est pour cela que les philippins, apprennent d’abord les armes avant de passer à mains nues contre arme.
Merci et à bientôt
Lionel
On ne peut pas se défendre efficacement à main nue contre une attaque au couteau qu’a partir du moment où on est sois-même un expert du combat au couteau. Cette maxime m’a été enseigné, démontré et asséné par plusieurs experts mondiaux (Hernaez Rolland Sensei, Mochizuki Minoru Sensei, Grand Master José Ména) et plusieurs « spécialistes » ayant eu une grande expérience en situation comme Lefebvre Christian sensei, Lt Colonel Ernesto X de l’armé du Chili et quelques amis Gitans à qui je dois beaucoup.
Même contre un non-spécialiste, l’imprévisibilité des mouvements et le manque de control des trajectoires par l’attaquant fait que la lecture devient trop aléatoire si vous n’avez pas intégré le « champs des possibles ». De plus comment savoir avant le combat que votre adversaire est un spécialiste ou non? En fonction du look? Donc aller au combat sans savoir qui et quoi on va avoir en face??? Pas très bonne stratégie.
Une solution reste: La fuite. Là encore, c’est plus facile a dire qu’a faire, à moins d’intégrer à son enterrement des sprints sur 40 m suivit de bons chronos sur 800 et 1500 m. A bon entendeur. Dani FAYNOT
Lionel
C’est marrant ce que l’on appelle la CONNEXION.
Figure-toi qu’avec mon prof de karaté, à la faveur d’un échange par SMS et pour plaisanter, il me dit au revoir avant-hier terminant son message par » à tanto et katana » et là est remonté à ma mémoire un épisode jadis qui s’est passé dans un cours d’aiki en 1968 !
Je pratiquais l’aiki depuis 4 ans, alors ado, et profitant de l’absence temporaire de mon prof d’aiki, alors qu’on apprenait les techniques de blocage avec des faux poignards, j’ai demandé à un copain en plein cours de m’attaquer avec un vrai poignard !
Je loupe mon blocage et la pointe du couteau glisse le long de mon poignet en bas de l’éminence thénar au début de l’avant-bras face Yin provoquant une entaille sur 2 cm !
J’ai commencé à pisser du sang, le prof est revenu, … et ça s’est heureusement bien terminé. Beaucoup plus de peur que de mal vu l’endroit.
A noter qu’avec l’âge, 67 ans aujourd’hui, la cicatrice aujourd’hui est toujours présente et … à migrer à près de 5 cm en direction du bras en raison de la croissance de la peau !
Je n’ai plus jamais refait cette c … !
D’ailleurs, je n’ai pas fait cette c … avec les katanas qu’on avait en mains et bien évidemment c’est avec l’aito et par ailleurs le boken qu’on s’entrainait.
Du vécu !
Donc, toute lame coupante … à maîtriser !
NOTA BENE : ce n’est pas à cause de cet épisode que je me suis éloigné de l’aiki pour aller vers le karaté. L’esprit de l’aikido ne m’a jamais quitté !
Amicalement
Marcel
Bonjour Marcel et merci d’avoir partagé avec nous ton histoire.
Comme tu le dis, toute lame coupante à maîtriser.
A bientôt et belle continuation.
Lionel