L’esprit du Judo [livre] – mon avis

Ce fait un moment que je l’ai en ma possession et je n’avais jamais pris le temps d’en parler et de vous donner mon avis sur ce livre de JL Jazarin sensei.

Un ami pour me remercier (il ne le dit pas 🙂 ) m’a offert ce livre de Judo. Il sait très bien que je ne pratique pas le judo mais a pensé que ce livre m’intéresserai. Je l’en remercie vivement.

Ce livre date de 1968 ! Nous étions au début des arts martiaux dans la métropole. C’est un des pionniers des arts martiaux qui raconte ses entretiens avec son maître qui lui permis de découvrir à la fois la pratique martiale et la sagesse orientale. On arrive parfaitement à travers l’ouvrage à transformer le judo en karaté ou tout autre art martial.

Ce livre regorge d’anecdotes fascinantes, d’explications sur l’art, l’entraînement, la vie… Il me rappelle que le Budo est un façon de vivre, une façon de voir et d’aborder la vie.

Durant le confinement, j’ai repris ce livre pour le relire une nouvelle fois. Et cette deuxième lecture était encore plus appréciable que la première. Très souvent étonné que de nombreux judoka actuels ne connaissent pas ce livre. J’espère qu’il attirera votre curiosité et que vous prendrez autant de plaisir à lire que moi.

L’esprit du Judo – Entretiens avec mon maître

Extrait #1

Mon maître continua de sourire.

– « Avez-vous réfléchi combien de temps de travail effectif cela représente pour un judoka moyen? »

– « J’avoue que je n’ai pas pensé à cela. »

– « Réfléchissez : un an, cela fait 52 semaines, si vous comptez 6 semaines en dehors du dojo pendant les diverses vacances, il reste 46 semaines à 2 heures de travail par semaine, cela fait 92h de travail par an, soit 11 journées de 8 heures et 4 heures supplémentaires de travail effectif. Quel est le métier qu’on pourrait apprendre dans ces conditions ? »

Il continua :

– « Ainsi, on peut être Ceinture Marron après 23 journée de travail, Ceinture Noire après 34 jours et 4 heures, 2e Dan après 46 jours, 3ème Dan après 69 jours et 4e Dan au bout de 103 jours et 4 heures , soit au bout de 5 mois et 3 jours de travail effectif on peut obtenir le 4e Dan de la Ceinture Noire de Judo. Ne trouvez-vous pas que c’est dérisoire, alors que le moindre métier manuel demande un minimum de 3 ans d’apprentissage effectif et qu’après cette période on est encore bien loin d’être un maître de son métier ? »

Les Japonais, eux, travaillent un minimum de 10 heures de Judo par semaine en moyenne, c’est-à-dire cinq fois plus qu’en France. Ne cherchez pas ailleurs les raisons de leur supériorité dans ce domaine. »

Extrait #2

-« Je suis ravi, dit-il, que tout cela vous ait semblé léger et facile. Sans doute ne pouvez-vous pas distinguer les erreurs techniques que j’ai faites, mais l’impression d’aisance que vous avez eue me console un peu de la critique assez sévère que je faisais de mon propre travail. Tout n’était donc pas si mauvais que je l’avais cru.

Voyez-vous, je fais cet exercice tous les matins, c’est une discipline pour mon esprit, et un entraînement pour mon corps et ses réflexes. Ne croyez pas que cela soit si facile. Dès que je commence à dégainer le katana, je suis dans un tel état de concentration psycho-physique pour obtenir une attitude et un mouvement exacts, que la transpiration perle à mes tempes avant même que j’ai réellement bougé. Cet exercice est une sorte de kata que l’on appelle Kendoiai, il est très difficile à exécuter correctement ».

– « Maître, demandai-je, pourquoi, vous qui, je le crois, avez obtenu dans votre coeur une paix et une bienveillance visibles, vous exercez-vous chaque jour avec cet instrument de mort et de guerre qu’est une épée ? »

Il me regarda longuement, puis me dit gravement : »Vous me posez là une question très importante à laquelle je dois répondre longuement et de façon précise. Si vous le voulez bien nous pourrons en reparler lors de notre prochaine rencontre. »

Jean-Lucien Jazarin [1900-1982] Présida dura 23 ans collège national des ceintures noires de France. Il fût notamment l’élève de Mikinosuke Kawaishi et de Soho Awazu. Elevé à titre posthume au rang de 7ème dan.

Nouvelle édition disponible par Budo Edition – 256 pages broché

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