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Mon voyage au Japon : entre karaté, méditation et esprit shintō

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Pas de tournage cette fois-ci en Terre martiale. Non, ce voyage au Japon, c’était un cadeau que je m’étais promis depuis longtemps. Un présent pour mes 50 ans, fêtés en mai dernier. Depuis des décennies, le Japon m’accompagne, comme une étoile qui éclaire ma pratique, mes tournages et mes réflexions. Pourtant, cela faisait presque dix ans que je n’étais pas revenu sur l’île principale.

La dernière fois, c’était en 2016. Depuis, mes pas m’avaient à chaque fois guidé vers Okinawa, berceau du karaté, à la rencontre des anciens maîtres (Choyu Kiyuna, Kansho Uechi, Takashi Kinjo), pour filmer, m’entraîner et apprendre, encore et encore. Mais cette fois-ci, le Japon m’attendait pour autre chose. Pas pour un reportage. Pas pour un tournage. Juste… pour moi.

Tokyo & Hirota, le karate-gi 100% japonais

Mon premier arrêt fut Tokyo. Juste 36 heures, le temps de me réacclimater, de me plonger doucement dans l’ambiance japonaise… et de faire un petit détour incontournable pour tout karatéka : Hirota. Si tu pratiques, tu comprends : on n’a jamais trop de karategi.

Je me suis offert un karate-gi sur mesure, confectionné dans cette maison historique dont la réputation n’est plus à faire, et une nouvelle ceinture noire.

Oui, je sais… j’en ai déjà plusieurs ! Mais c’est ma tenue de travail (lire de pratique), celle que j’use sur le tatami chaque semaine. Et comme un artisan soigne ses outils, je tenais à repartir du Japon avec un équipement à ma mesure, une manière concrète de marquer ce nouveau chapitre.

Cette première halte tokyoïte m’a aussi permis de ressentir ce mélange unique : le tumulte de la ville, les odeurs, les sons, la discipline ordonnée du chaos. Le Japon, c’est ce contraste permanent entre mouvement et silence, exactement comme dans les arts martiaux.

Méditer, marcher, respirer : le fil invisible du voyage

Dès le départ, je savais que ce voyage serait différent. Pas seulement une immersion dans le karaté au Japon, mais une plongée intérieure. Je m’étais promis de méditer chaque jour, quoi qu’il arrive. De faire de cette pratique un fil rouge de mon séjour.

Bien sûr, je médite très régulièrement chez moi, mais le fait d’en faire une discipline quotidienne voir bi-quotidienne, en voyage, seul, a tout changé. Cela m’a permis de me tourner vers moi-même, d’écouter ce qui se tait souvent dans le tumulte du quotidien. De marcher, respirer, observer, sans but précis. Être simplement là, présent, maintenant.

Chaque matin ou en fin d’après-midi, je cherchais un lieu propice : un sanctuaire, un temple, un jardin et je m’asseyais. La respiration devenait lente, les pensées s’éclaircissaient. Et dans ces moments de silence, la vie me parlait autrement. Une expérience vivante : une communion avec ce qui est. Comme un keiko (entraînement) exécuté avec sincérité, la méditation m’ancrait dans l’instant. J’ai tenu ma promesse tout au long du périple.

Nikkō, le souffle des anciens dieux

3 jours où la pluie a essayée de me garder à l’intérieur, mais j’ai pas succombé. Mon second arrêt fut Kinugawaonsen, une ville proche de Nikkō. Si tu n’as jamais mis les pieds là-bas, imagine une ville nichée au cœur des montagnes, où les arbres semblent respirer avec toi. A Nikkō, le célèbre Tōshōgū, avec sa magnificence baroque, attire les foules, trop nombreuses pour y trouver le calme intérieur.

Mais à quelques pas, le Futarasan-jinja m’a offert tout l’inverse : une paix simple, authentique, propice à la contemplation. Un des plus vieux sanctuaire Shintō du Japon.

J’ai aussi découvert de petits sanctuaires méconnus, perdus dans les forêts, la verdure, où le silence s’installe naturellement, comme s’il t’attendait. Assis sur les marches, j’écoutais le vent dans les cèdres, le craquement du bois, le murmure des eaux.

À Nikkō, la nature et la spiritualité ne font qu’un. Elles se mêlent comme le souffle et les techniques dans un kata : sans l’un, l’autre n’a plus de sens. Ici, tout rappelle que le shintō n’est pas une religion, mais une manière d’être et de vivre.

Shizuoka avec Terumi Washizu sensei

Direction Shizuoka, au pied du mont Fuji. Un lieu qui occupe une place particulière dans mon parcours. C’est en 2009 que j’y suis venu pour la première fois, à la recherche des racines du Nihon Tai Jitsu, que je pratique depuis mes 14 ans.

Cette école trouve ses fondations dans l’enseignement de Minoru Mochizuki sensei, pionnier du budō moderne au Yoseikan dojo. C’est à cette époque que j’ai découvert Washizu sensei et son dojo, un lieu à la fois sobre et chargé d’histoire. J’y ai réalisé un documentaire puis une vidéo pédagogique.

Shizuoka, août 2009

Revenir à Shizuoka en 2025, c’était comme boucler une boucle. Je retrouvais Washizu sensei, aujourd’hui âgé de 78 ans, toujours habité par la même passion tranquille. Mais aussi la joie de retrouver Norio san et Kinzo san.

CNous avons pratiqué un vieux jūjutsu transmis par Mochizuki sensei : le Gyokushin-ryū. Le ken et le tai jutsu (lire : combat à mains nues) s’unissent autour des mêmes principes. Nous avons échangé longuement sur ces connexions invisibles entre armes et corps, sur le relâchement, la connexion interne, le timing, l’intention.

Nous avons aussi parlé de l’évolution de l’école, et du souffle nouveau qui l’anime depuis la diffusion du documentaire que j’avais tourné ici. C’est d’ailleurs suite à une publication dans un magazine international spécialisé d’aïkido, qui présentait mon travail à Shizuoka, que Jon Marshall, un pratiquant et enseignant australien, a découvert ce dojo. Intrigué, il m’a contacté, et suite à nos échanges, il est venu s’entraîner à son tour. Aujourd’hui, il continue de revenir très régulièrement, d’apprendre encore et de retransmettre. C’était un réel plaisir de le voir au dojo.

Je suis empli de bonheur de voir que le fruit de mon travail a poussé de nombreuses personnes, venues des quatre coins du monde, à franchir la porte de ce dojo. Cela permet à ce lieu de continuer à faire vivre un savoir ancien, à préserver des valeurs profondément humaines dans un monde qui file à trois cents à l’heure, où tout doit être immédiat, instantané.

C’est à l’opposé de la voie martiale, qui demande du temps, de la persistance et de la patience. La pratique véritable ne s’inscrit pas dans l’instant, mais dans la durée. C’est cela, le cœur du budō : avancer sans brûler les étapes, grandir à son rythme, dans le respect du geste et de l’esprit.

À quelques jours près, j’aurais pu croiser un groupe de Français de l’école française de Nihon Tai Jitsu (EFNTJ), dirigé par mon ami Philippe Galais. Ce n’est que partie remise. La voie est longue, et les rencontres ne manquent jamais de se faire au bon moment.

Tokyo avec Tatsuya Naka sensei

Dernière étape : Tokyo, à nouveau. Ville tentaculaire, vibrante, où la modernité côtoie la tradition sans jamais la supplanter. J’y ai eu la chance de m’entraîner au dojo de Naka sensei, figure emblématique du karaté shotokan que l’on voit très régulièrement en ligne sur Kuroo-Obi.

Même si, au fil des ans, j’ai élargi ma pratique à d’autres disciplines — Arnis Doblete Rapilon, Nihon Tai Jitsu, et d’autres formes martiales — mes fondations restent solidement ancrées dans le karaté. Aujourd’hui, je me vois davantage comme un budōka que comme un karatéka, mais je n’ai aucune envie d’effacer mon passé. Au contraire : c’est une force que de conforter ses fondations pour aller plus haut.

Sur le parquet du dojo de Naka sensei, je n’ai pas ressenti une « reconnexion » au karaté au Japon, mais plutôt une gratitude profonde. Gratitude de constater que, malgré mes explorations martiales, je suis toujours sur le chemin, fidèle à cette voie qui m’a construit.

le groupe du cours de karaté avec Naka sensei à Tokyo en 2025

Chaque kihon, chaque kata, chaque respiration m’a rappelé une nouvelle fois que le budō n’est pas une succession de techniques, mais un chemin de vie. J’ai quitté le dojo prêt à recommencer le plus tôt possible, le cœur léger, comme si cette pratique avait refermé mon cercle de pratique. Je remercie vivement Naka sensei pour son accueil chaleureux et nos échanges.

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Durant ces quelques jours à Tokyo, j’ai également pris le temps de réaliser un live avec la communauté de Imagin’ Arts Digital, la plateforme de streaming de karaté et d’arts martiaux. Un moment d’échanges sincères autour du voyage évidemment, mais aussi de questions très concrètes : comment intégrer davantage la martialité dans les cours, comment gérer un partenaire qui se bloque sur une clé, comment transmettre sans formater ? Ces discussions m’ont rappelé à quel point cette communauté est vivante et engagée.

Gratitude et retour

Avant de conclure, je veux remercier ma femme et mon fils. Ils m’ont offert ce temps, cette liberté de partir seul pour mieux me retrouver, et mieux revenir. C’est une forme d’amour rare, discrète mais essentielle. Et je crois qu’au fond, tout voyageur comprend cela : partir, c’est aussi revenir différent.

Je suis rentré en France mercredi matin à 11h, le cœur encore imprégné de silence et de senteurs de cèdres, et le soir même à 19h, j’étais sur le tatami du dojo de Blagnac pour enseigner. Rien de mieux pour se réaligner, sentir le lien entre ce que j’avais vecu là-bas et ce que je transmets ici.

Le cercle se referme, mais le centre a légèrement bougé : un peu plus calme, un peu plus clair.

Ce voyage au Japon n’a pas été un reportage. C’était une rencontre avec moi-même, avec mes racines martiales, et avec l’esprit du shintō. Un rappel que les arts martiaux ne se limitent pas aux techniques, mais s’étendent jusque dans la manière de respirer, de regarder, d’écouter.

Comme un sabre qu’on polit sans jamais le brandir, la voie du karaté est aujourd’hui, de plus en plus pour moi, une voie de transformation intérieure. Et ce périple m’a rappelé que, parfois, pour avancer, il suffit de s’asseoir, respirer, et écouter le vent dans les cèdres.

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Lionel Froidure

Fondateur de Imagin' Arts - CN 6ème Dan Karaté - CN 6ème dan Arnis Kali - Professeur diplômé d’état DEJEPS - Instructeur Arnis Kali 3ème degré WADR - Enseignant au Blagnac Arts Martiaux - Ma citation : "Pour être un pratiquant il faut pratiquer. Alors pratiquons. » - J’adore partager mes connaissances pour vous permettre de progresser que ce soit au dojo, en stage et bien sur dans le Club Vidéo.

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